Éduquer à la compétence pédagogique aujourd'hui

Résumé

La question des compétences dépasse les pratiques d’enseignement centrées sur la performance scolaire, et va au-delà d’une culture pédagogique alignée sur une certification instrumentale des connaissances, des capacités et des attitudes. Elle implique la capacité de s’inscrire dans les contextes des politiques éducatives, où la compétence peut se configurer comme un paradigme pour une élaboration pédagogique de la responsabilité éducative. En ce sens, une compétence peut être qualifiée de pédagogique lorsqu’elle est capable d’intégrer savoirs et participation, en contribuant à définir des perspectives heuristiques de recherche avec et pour les personnes concernées — des perspectives qui mettent en valeur la richesse des dimensions axiologiques de nos valeurs constitutionnelles et européennes, telles que la citoyenneté et le bien commun. Son approche de territoires et d’espaces encore inexplorés fait de la compétence une construction frontière de la postmodernité, qui ne se traduit jamais par une notion de possession, mais de développement, conçue dans une logique de proximité existentielle et accordée aux futurs possibles. Cette contribution s’appuie sur une pédagogie critique en direction d’un avenir épistémique de la compétence, en convoquant — par une image métaphorique — le cheminement du pèlerin : celui qui, non seulement entreprend un voyage vers le lieu du sens, mais qui, dans un acte rare et précieux, entre aussi en relation et en proximité existentielle avec des personnes et des choses bien réelles, amorçant ainsi une véritable expérience de transformation et de maturation d’une conscience responsable. Ce parcours, dans la perspective du capability approach, s’inscrit dans une analyse des besoins éducatifs liés aux vulnérabilités sociales, aux inégalités et à la pauvreté. Il appelle à un effort et un engagement pédagogiques pour s’éloigner des visions dominantes de l’histoire (individualisme, anthropocentrisme dévié, utilitarisme, consumérisme exacerbé), afin de construire une nouvelle compréhension des événements historiques, personnels, professionnels et sociaux fondée sur les droits humains et les principes de justice, d’équité, d’égalité, et d’une éthique non du jugement, mais d’une compréhension aimante de la dignité humaine.